Avec l'aide de fonds européens, le gouvernement espagnol a construit le premier mur de Ceuta en 1995.

Aujourd'hui, 4 murs protègent l'espace Schengen.
1995 : Maroc / Melilla (Espagne)
1995 : Maroc / Ceuta (Espagne)
2011 : Grèce / Turquie
2013 : Bulgarie / Turquie

Au cours des cinq dernières années, les pays dont les frontières définissent le périmètre extérieur de l'espace Schengen ont lentement mais sûrement renforcé leur frontière, en raison de l'instabilité politique des pays voisins. Le projet le plus récent, encore en cours, est mené par la Bulgarie, au niveau de sa frontière avec la Turquie.

41 murs de séparation ont été construits à ce jour. Certains d'entre eux ont été construits sur la frontière entre deux pays. D'autres au sein de territoires contestés. À plus petite échelle, on construit également aujourd'hui de plus en plus de murs autour de communautés privilégiées. C'est ce que l'on appelle les " gated communities ". Qu'ils incluent ou excluent, ces murs séparent les êtres et constituent de véritables barrières physiques inhumaines entre eux.

Cette phrase est tirée du poème métaphorique " Mending Wall », écrit par le poète américain Robert Frost, et publié en 1914. Selon Frost, les hommes ont toujours le besoin de disposer de limites marquées, même lorsqu'il leur est difficile de justifier leur existence. Le dicton "Les bonnes clôtures font les bons voisins" vient de l'espagnol "Una pared entre dos vecinos guarda más (hace durar) la amistad", et remonte à l'époque du Moyen-Âge.

L'idée de construire un mur pour maintenir l'autre à distance n'a rien de nouveau. Mais depuis les attaques du 11 septembre 2001, on constate une prédominance des réponses sécuritaires face aux grandes questions mondiales que sont le terrorisme, l'immigration ou la pauvreté.

Ceuta est un paradis pour les passeurs et un point de transit pour toutes sortes de contrebandes. Chaque jour, le rituel est le même. Celles que l'on appelle les " femmes-mules", et qui disposent d'autorisations de jour, traversent la frontière entre le Maroc et l'Espagne, en portant sur leur dos des sacs pesant jusqu'à 80 kilos. Les femmes assurent plus fréquemment ces tâches que les hommes car elles font l'objet de moins de contrôles. La contrebande entre les deux enclaves espagnoles et le Maroc représente entre 40 et 50% du PIB de Ceuta et Melilla.

Oui, à Ceuta, le système "Sirga" n'a pas été construit. A Melilla, la barrière métallique a été renforcée par le système tridimensionnel sirga ("corde"), un enchevêtrement de câbles métalliques épais, installé en parallèle, entre le côté marocain de la barrière et une troisième barrière au milieu du mur.

Dès lors qu'un migrant arrive à passer la première barrière, il est légalement sur le territoire espagnol, et ne peut donc pas être renvoyé au Maroc. Il a le droit d'avoir un avocat et un traducteur, il peut faire une demande d'asile et ne peut être renvoyé vers un pays où sa vie est en danger.

Le nombre d'Espagnols officiellement enregistrés comme résidents au Maroc a quadruplé entre 2003 et 2013. En effet, pour beaucoup d'entre eux, le fait de s'installer au Maroc constitue une meilleure opportunité pour l'emploi. Les Espagnols n'ont pas besoin de visa pour entrer au Maroc, pour les séjours de moins de trois mois, et ont juste l'obligation de poser le pied sur le territoire espagnol - qui inclut les enclaves espagnoles au Maroc, notamment Ceuta et Melilla - pour faire renouveler leur passeport et pouvoir séjourner légalement au Maroc.

Le renforcement de la barrière de Ceuta a initialement mis fin à l'immigration qui existait dans cette enclave, mais celle-ci a vite repris. Depuis 2012, de grands nombres de subsahariens passent par dessus la barrière, tandis que les Maghrébins se cachent en voiture pour traverser ou se fondent parmi les navetteurs quotidiens entre le Maroc et l'enclave espagnole.